La filière cuir en Centre-Val de Loire : un écosystème régional de la mode et du luxe

Le Centre-Val de Loire s’impose comme un acteur clé de la filière cuir en France, grâce à une implantation historique remontant à 1860 qui a forgé un savoir-faire artisanal dans le temps. Ce patrimoine est soutenu par une main- d’œuvre hautement qualifiée, formée à travers des programmes dédiés et sur mesure, répondant aux besoins des entreprises. Avec un positionnement stratégique sur les segments du haut de gamme et du luxe, la région incarne l’alliance parfaite entre tradition et modernité, contribuant à faire rayonner le Made in France sur les marchés internationaux.

L’impact de la filière cuir en Centre-Val de Loire : un moteur économique et social régional

La filière cuir constitue un pilier économique et culturel essentiel pour la région Centre-Val de Loire, alliant tradition et modernité. Elle représente 9 % des effectifs nationaux de la filière, ce qui place la région au 5ᵉ rang en France. En 2023, le secteur a généré un chiffre d’affaires à l’export de 1,1 milliard d’euros, consolidant ainsi sa position de 2ᵉ région exportatrice, derrière l’Île-de-France. Ce dynamisme est notamment soutenu par une forte spécialisation dans la maroquinerie haut de gamme et de luxe.

La filière est particulièrement concentrée dans le sud de la région, en particulier dans l’Indre, qui regroupe 59,6 % des emplois régionaux. Des entreprises historiques, telles que les Maroquineries de l’Indre et la Tannerie Bodin-Joyeux, côtoient des ateliers modernes collaborant avec des maisons de luxe prestigieuses comme Louis Vuitton, Hermès et Chanel. Ces PME incarnent l’excellence artisanale et répondent aux exigences d’un marché de plus en plus globalisé.

Entre 2018 et 2023, les effectifs de la filière cuir dans la région ont progressé de 47 %, bien au-delà de la moyenne nationale (+33 %). Cette croissance, surtout marquée dans la maroquinerie où les effectifs ont bondi de 53 %, témoigne de la vitalité du secteur. Toutefois, il reste confronté à des défis majeurs, notamment la concurrence internationale et la nécessité croissante de formation pour attirer de nouveaux talents.

En matière d’exportation, la filière joue un rôle clé dans l’attractivité de la région. En 2023, 73 % des produits en valeur ont été destinés au marché européen, principalement l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne. De l’autre côté, près de 82 % des produits importés proviennent également d’Europe, l’Italie étant le principal fournisseur.

Au-delà de la préservation des emplois, la filière cuir représente un moteur de croissance pour l’investissement. Ainsi, en février 2022, Louis Vuitton a inauguré deux nouveaux ateliers à Vendôme, avec un investissement de 18 millions d’euros pour la rénovation des sites de l’Oratoire et de l’Abbaye.

Un savoir-faire ancré dans les territoires

Le département de l’Indre concentre près de 60 % des emplois régionaux de la filière. Dès le Moyen-Âge, Issoudun est connu pour ses travailleurs du cuir. Au 18ᵉ siècle, la rivière la Théols est forcée pour que les artisans puissent s’installer sur ses rives.

  • Dès le 19ᵉ siècle la fabrication du cuir et du parchemin apparait à Levroux avec la mégisserie Bodin-Joyeux, toujours en activité aujourd’hui. Tous les éléments étaient réunis pour permettre le développement de l’activité : des élevages de moutons et de chèvres, la forêt et la rivière alimentant le village, la Céphons.

  • En 1916, Émilien Nicolas fonde l’entreprise familiale « Les Établissements Nicolas », qui deviendront « Les Maroquineries de l’Indre ». En 1988, l’entreprise qui compte 450 salariés est vendue à Vuitton, marque pour laquelle elle sous-traite depuis 1983.

Une offre de formation adaptée aux besoins des entreprises

La région met en place des formations adaptées pour répondre à la demande croissante de main-d’œuvre qualifiée dans la maroquinerie, allant du CAP au BTS.

Des diplômes comme le Bac Pro Métiers du Cuir à Issoudun et des initiatives locales. En partenariat avec des acteurs majeurs comme Louis Vuitton, ces programmes permettent de transmettre des compétences spécifiques et d’assurer la pérennité du savoir-faire, tout en renforçant l’attractivité de la filière régionale.

La filière face aux enjeux de durabilité et d’impact environnemental

Face aux enjeux environnementaux et sociaux croissants, la filière cuir se réinvente en adoptant des pratiques plus durables et responsables. L’émergence de l’économie circulaire prend une place prépondérante, avec des initiatives telles que le tannage végétal, la valorisation des chutes de cuir et l’utilisation de matériaux recyclés. Ces démarches répondent aux attentes des consommateurs de plus en plus soucieux de l’éthique et de la traçabilité des produits.

Parallèlement, des labels et certifications comme Leather Working Group (LWG) et OEKO-TEX® assurent des normes strictes en matière de qualité et de respect de l’environnement, contribuant à renforcer la transparence de l’industrie. Dans un contexte où la fast fashion et son impact environnemental sont largement critiqués, ces pratiques de recyclage, d’upcycling et d’innovations écologiques s’imposent comme des solutions pertinentes et pérennes pour un avenir plus responsable.

La filière cuir en Centre-Val de Loire, en dépit de certains défis économiques, demeure un secteur dynamique et prometteur. Grâce à une combinaison unique de tradition artisanale et d’innovation, elle occupe une place de choix dans l’industrie du luxe, contribuant activement à l’identité économique et culturelle de la région. Son engagement en faveur du développement durable et ses investissements dans des marchés de niche hautement qualitatifs témoignent de sa résilience face aux mutations du XXI siècle. Ainsi, la filière cuir continue de représenter un atout majeur pour le développement économique de la région.

ETUDE SECTORIELLE

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